Le soundpainting ? mais qu'est-ce donc ????
-
Sound = son, bruit, “matière sonore”, “forme sonore”, “geste musical”.
Painting = couleur, peinture, tableau, “composition”, “mouvement”, “organisation”.
-
Le soundpainting est un langage gestuel qui permet de créer en direct de véritables « peintures
sonores » bien qu’il s’applique à d’autres arts comme la danse, l’art visuel, le théâtre. Le soundpainter (le chef) dirige un groupe
de performers (les interprètes) au cours d’une performance (une prestation publique ou pas). Le soundpainting peut être considéré comme de la composition en temps réel si l’on se place du point de vue du soundpainter, et comme une improvisation collective dirigée si l’on se place du point de vue des performers.
-
Le soundpainter décrit ce qu’il désire obtenir grâce à des gestes que les performers mémorisent et suivent. Ces derniers réagissent en improvisant avec la voix, le corps, les instruments, la couleur, les formes, le texte.
Le soundpainter dirige, oriente, conduit, mais certains gestes lui permettent de demander des idées aux performers, d’individuelles les rendre collectives, de laisser le hasard rafraîchir son imagination, bref de laisser se construire des choses indépendamment de
lui. À l’inverse, il peut aussi introduire dans une performance des séquences écrites et travaillées en amont.
-
La direction traditionnelle (chef de chœur ou chef d’orchestre) guide l’interprétation collective d’un chant ou d’un morceau de musique mémorisé. Les gestes
utilisés sont des gestes de départ et d’arrêt, des gestes qui marquent une pulsation, soulignent une mélodie, des gestes qui incitent à l’expression d’un caractère, de nuances… Elle concerne
principalement la musique.
-
La direction en soundpainting utilise une palette de gestes beaucoup plus riche et complexe, qui permet de
faire produire à un groupe des musiques « impressionnistes », utilisant avant tout le jeu improvisé à partir de matériaux issus de l’exploration sonore ou vocale ou d’éléments
travaillés en amont de façon plus traditionnelle. Elle s’ouvre sur d’autres disciplines artistiques.
Mais d'où vient cette idée ???
Le soundpainting trouve son origine dans l’histoire de la musique américaine des années 60 et 70. Il emprunte au jazz, au
free-jazz, à la musique minimaliste de Terry Riley, répétitive de Steve reich, expérimentale de John Cage, aléatoire de Cage encore ou de Morton Feldman. Il émerge dans l’explosion du Pop-Art où
l’expression artistique puise son inspiration dans la culture populaire. Il s’inscrit dans la mouvance des musiques improvisées.
Et comment ça marche concrètement
?
Le soundpainting est un vrai langage avec son vocabulaire et sa syntaxe. Avec les mots du soundpainting, donc ses gestes, le soundpainter (l’émetteur) doit faire des phrases à la syntaxe précise
pour se faire comprendre des performers (les récepteurs). Les phrases doivent être composées d’un sujet, d’un verbe, d’un adverbe et d’un
complément circonstanciel de temps… enfin, plus précisément, elles doivent, dans l’ordre, répondre à ces questions : QUI ? QUOI ?
COMMENT ? QUAND ?
Concrètement, le soundpainter doit dans l’ordre :
-
préciser à qui il s’adresse : QUI ?
-
annoncer l’action ou le contenu attendu, ce que les performers désignés ont à faire : QUOI ?
-
préciser la façon dont les performers doivent exprimer le contenu demandé : COMMENT ?
-
signaler le moment où les perfomers désignés doivent commencer leur action ou l’arrêter : QUAND ?
(Voir la vidéo de présentation )
Les gestes de soundpainting permettent de jouer :
-
avec la matière sonore en agissant sur tous les paramètres musicaux (hauteur, durée et rythme, timbre, intensité, densité…) et en développant l’utilisation de
gestes vocaux et instrumentaux variés ;
-
avec la forme sonore en mettant en jeu des principes d’organisation (superposition, succession, accumulation, imitation, dialogue, synchronisation, boucles…)
;
-
avec les mouvements du corps en guidant une improvisation
pour simplifier, nous allons considérer qu’il existe quatre catégories de gestes signifiants permettant de préciser : qui joue ? Quoi jouer ? Comment jouer ? Quand jouer ?
-
Les signes de la catégorie Qui joue
? annoncent qui va être concerné par l’action à venir : tous les performers, ou un groupe en particulier, ou plusieurs groupes préétablis, ou un performer seul, ou tous les danseurs, tous les plasticiens, tous les chanteurs, etc.
-
Les signes de la catégorie Quoi jouer
? indiquent le contenu de leur intervention, le cadre de leur improvisation. La demande peut être « fermée », c’est-à-dire si définie qu’il n’y a pas d’interprétation
possible, ou bien « ouverte », c’est-à-dire dans laquelle on laisse à l’interprète un espace de liberté important ; nous classerons cette liberté de 0 à 5 ultérieurement.
-
Les signes de la catégorie Comment jouer
? permettent de préciser la qualité ou le caractère du jeu demandé : la nuance, l’intensité, la densité, le tempo. Cette précision n’est pas obligatoirement donnée par
le soundpainter, c’est alors aux performers de nuancer leur propos à leur gré.
-
Les signes de la catégorie Quand jouer
? sont ceux du départ et de l’arrêt. Ils permettent aux performers de savoir à quel moment débuter l’action et jusqu’à
quand la mener. Le départ et l’arrêt peuvent être immédiats ou différés, être conditionnés à une autre action, etc.
Qu'apporte le sound painting ?
Le soundpainting éduque à l’art mais également à la citoyenneté, par un travail sur l’écoute des autres, la prise de parole, la réalisation d’un
projet collectif, la prise de risques (improviser, proposer), le respect de chacun, la valorisation d’un savoir-faire et la possibilité de trouver sa place au sein d’un groupe. Il permet aussi la
transformation d’une classe, juxtaposition d’individus élèves, en véritable groupe social dans lequel chacun accorde de l’importance à l’autre, le prend en compte et le
respecte.Le soundpainting permet à chaque élève :
- de libérer sa créativité ;
- de s’exprimer, de prendre la parole, quel que soit son niveau de compétence ;
- de vivre un engagement corporel qui favorise la confiance en soi et en l’autre ;
- d’acquérir une attitude d’écoute et de respect des autres, propre à rejaillir positivement sur le groupe ;
- de reconnaître chez les autres des compétences insoupçonnées ;
- d’acquérir une grande capacité de concentration ;
- de développer l’estime de soi par la réussite collective.